L’Art déco lui va si bien… Sur la Côte d’opale, Le Touquet – station phare des années folles, audacieuse, raffinée et réputée pour sa liberté artistique – conserve de superbes joyaux et l’audace des formes du style Art déco. À l’occasion de son entrée dans l’édition 2023 du Printemps de l’Art déco, nous vous emmenons les découvrir en avant-première lors d’une balade à vélo, très stylée.
L'architecture balnéaire du Touquet-Paris-Plage
Les années 20, les années folles ! La jeune commune du Touquet-Paris-Plage, née en 1912, cherche après guerre une esthétique nouvelle, légère, insouciante et devient l’une des plus belles stations balnéaires d’Europe. Révélé par l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris de 1925, le style Art déco lui sied comme un gant et imprègne le renouveau architectural qui vit alors son âge d’or.
Un patrimoine à l'esthétique nouvelle
Toutes les boutiques de l’avenue du Verger, avec leurs lignes épurées et géométriques, nous emmènent déjà au pays de l’Art déco. « Créées en 1926, elles accueillaient couturiers, parfumeurs et autres joailliers parisiens », explique Alice Oniszczyk, guide conférencière, en nous emmenant là où tout à commencé : l’actuel Palais des Congrès. En 1913 est édifié ici le Casino de la Forêt, doté en 1926 d’un restaurant aux codes 100 % Art déco. Il n’en reste rien car il est détruit durant la Seconde Guerre mondial. Toutefois, les photos d’archives perpétuent le souvenir de cet endroit extraordinaire où se retrouvait tout le gotha mondial.
Des villas Art déco extraordinaires
À partir de 1925, les architectes s’en donnent à cœur joie. Ils construisent près de 3 000 villas touquettoises pleines de fantaisie et d’inventivité. Emblématique de cette créativité, la villa Tata Ice se démarque par sa couleur rose et son architecture anthropomorphe si attachante. Elle est construite en 1926 par l’architecte lillois Horace Pouillet, « très influencé par le cubisme, d’où ces jeux très prononcés de volumes, ce dégradé de lignes qui donne de la profondeur, cette terrasse saillante, et énormément d’éléments géométriques », décrypte Alice Oniszczyk. Et sur la partie droite se dessine clairement un visage. Loufoque et amusante architecture !
La villa Cipry, une pépite
Autre surprise d’Horace Pouillet, la villa Cipry, édifiée en 1927 se veut quant à elle un condensé de l’Art déco. Profusion de formes géométriques, colonnes, grandes baies vitrées pour faire entrer la lumière, vitraux d’époque, charpente en béton armé : elle est répertoriée à l’Inventaire général du Patrimoine Culturel.
Chanceux, nous croisons son propriétaire, lui-même architecte ! « Je l’ai achetée en 1992 », explique Stéphane Raffray. « Elle était en triste état. À l’origine, il n’y avait pas de toiture. C’était un grand solarium. » Et pourquoi Cipry ? « C’était le surnom de Cyprien Rivière, son constructeur, un lainier de la région de Roubaix », raconte le propriétaire, en nous montrant un petit mouton sculpté en relief dans la balustrade de béton. La grille en fer forgée fait superbement illusion mais elle n’est pas d’époque. En effet, elle a été réalisée par un maître ferronnier italien contemporain. À l’intérieur de grands volumes et une superbe luminosité. « Ce sont des maisons très agréables à vivre », sourit Stéphane Raffray… Comme on le croit !
Belle poste restante
Au Touquet-Paris-Plage, on poste ses courriers dans un édifice inscrit au titre des Monuments historiques. « Il y avait ici la première église de Paris-Plage, construite à la fin du 19ème siècle. Cette chapelle Saint-André est détruite au profit de cet Hôtel des Postes de 1927. Il est unique car l’architecte Jean Boissel l’a doté d’un clocheton en mémoire de ce passé religieux. » L’architecture mélange le style régional avec la pierre de Baincthun et les références Art déco en façade. À l’intérieur des faïences de Desvres colorées, de la luminosité et de beaux éléments de fer forgé lui confèrent beaucoup de charme.
Le Westminster, un palace en apothéose
C’est l’un des éléments les plus emblématiques de l’Art déco au Touquet. Le Westminster, construit en 1924 fait figure de paquebot élégant. Il s’impose avec ses 130 mètres de façade et cette architecture mêlant influence britannique et Art déco. Briques roses, tuiles plates et bow window séduisent les Anglais venus séjourner ici. L’hôtel 5 étoiles a conservé sa cage d’escalier d’origine, un chef-d’œuvre, avec sa rambarde en fer forgé et son mobilier d’époque. « L’Hôtel Barrière Le Westminster a gardé son histoire et son âme, témoigne John Banizette, le directeur. Il aura 100 ans l’année prochaine et il perpétue cet esprit chaleureux, élégant, unique et festif de la période Art déco. »
Infos pratiques :
Visites guidées à vélo : samedi 15 avril à 14h30, vendredi 19 mai à 10h, samedi 27 mai à 10h.
Visite guidée de l’Hôtel des Postes : samedi 8 avril à 10h30, vendredi 28 avril à 14h30, mercredi 10 mai à 14h30.
Visite guidée de L’Hôtel Barrière Le Westminster : vendredi 21 avril à 14h30, samedi 29 avril, 10h30 – samedi 13 mai, 10h30. Réservation obligatoire : 03 21 06 72 00 ou www.letouquet.com
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