Rechercher
Rechercher

Maison passive à Annœullin, Vincent Delsinne Architecte © François Mainil Photographe

La maison passive, nouvel art de vivre

C’est déjà écrit. Nous avons même ressenti comme un vent de fraîcheur nous saisir à l’annonce avant l’hiver de possibles coupures d’électricité. Et si lesdites coupures n’ont pas eu lieu, force est de constater que la pénurie d’énergie n’est plus de la science fiction. La construction désirable demain sera sobre. Et ce sera la condition d’un nouvel art de vivre. Alors, même si, et vous pourrez le constater par vous-même, les réglementations thermiques et certifications concernant la sobriété énergétique de nos habitats ne sont pas une partie de plaisir, il est devenu nécessaire de s’y intéresser de près. Pas de panique, on vous guide dans ce maquis de réglementation et de certification pour investir votre future maison passive.

Combien d'énergie va consommer votre logement neuf ?

Vous achetez un logement neuf. C’est le moment de vous intéresser aux normes imposées par la loi : les normes RT comprenez Réglementation Thermique fixent les objectifs et les maxima en matière de consommation.

La RT2012 pour une consommation énergétique limitée

Issue du Grenelle de l’environnement, la norme RT2012 incite à limiter la consommation énergétique des bâtiments à 50 kilowatts par heure d’énergie primaire (énergie disponible dans la nature) par mètre carré par an. Cette unité de mesure – kWhep – prend en compte l’énergie nécessaire à la production et au transport de l’électricité. Elle s’applique à toutes les nouvelles constructions, les extensions, y compris aux projets de rénovation représentant au moins 30% de la surface habitable. Le respect de ce seuil garantit le confort des habitants.

Les bâtiments répondant à ces critères sont labellisés BBC, autrement dit « bâtiment basse consommation ». Ils doivent également répondre aux principes de conception bioclimatique, présenter une isolation thermique efficace, une parfaite étanchéité à l’air et des équipements techniques performants. Le coefficient Bbio (Besoin Bioclimatique) calcule l’efficacité thermique du bâtiment indépendamment des systèmes énergétiques mis en œuvre. Les bâtiments passifs poussent les curseurs encore plus loin, ils visent une haute performance énergétique.

Les nouveaux objectifs : la RE2020

Depuis le 1 er janvier 2022, la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) remplace la RT2012 pour tous les nouveaux permis de construire déposés (hors bâtiment tertiaire spécialisé). Plus ambitieuse que la précédente, la RE2020 réaffirme la volonté de minimiser l’impact environnemental dans le secteur du bâtiment. La décarbonation des constructions de demain repose sur les indicateurs Bbio (besoins bioclimatiques), Cep (coefficient d’énergie primaire) et Cepnr (consommation en énergie primaire non renouvelable).

Cette nouvelle réglementation renforce les exigences sur l’indicateur Bbio. Elle poursuit l’objectif de confort d’été avec des bâtiments adaptés aux conditions climatiques futures notamment face aux épisodes caniculaires plus fréquents et plus intenses ces dernières années.

La grande évolution réside dans la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, de la construction à la démolition, en passant par les équipements, sur une période de 50 ans. Elle prône ainsi l’écoconception dans les choix constructifs encourageant l’utilisation de matériaux biosourcés. Elle vise également une réduction considérable du recours aux énergies fossiles (sortie du gaz progressive) en faveur de l’utilisation d’énergie décarbonée. Dans la dynamique de transition écologique, elle ouvre la voie aux bâtiments passifs, voire à énergie positive – c’est-à-dire, produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Il est d’ores et déjà prévu un rehaussement des exigences pour 2025, 2028 et 2031.

Quel est le principe d'un habitat passif ?

Maison passive à Avelin
Maison passive à Avelin, Vincent Delsinne Architecte © François Mainil Photographe

Né au Nord de l’Europe, le concept de l’habitat passif s’inscrit parmi les méthodes de conception les plus vertueuses sur le plan énergétique. Il se développe en France depuis 2007 et repose sur trois grands principes : une orientation pensée pour capter le maximum d’apports solaires, une isolation renforcée et une importante étanchéité à l’air. Le rôle de l’enveloppe est primordial.

Quel chauffage pour une maison passive ?

Principalement chauffées par le soleil, ces habitations ultra-isolées utilisent toutes les sources de chaleur naturellement disponibles. Parmi elles, celle dégagée par les êtres vivants et l’utilisation d’appareils électriques. Les maisons passives peuvent pratiquement se passer d’un système de chauffage conventionnel.

La VMC double flux homogénéise la répartition des flux de chaleur : l’air sortant réchauffe l’air entrant. Elle temporise l’écart de température pour éviter une baisse du thermomètre par le renouvellement de l’air. Néanmoins, une résistance électrique peut être placée au niveau de la ventilation mécanique pour préchauffer l’air neuf. Ce dispositif minimaliste rassurant pallie les journées particulièrement froides et les longues périodes grises.

Habiter son intérieur autrement

Vue d'une cuisine, large baie vitrée
© Kontext Architectes
Intérieur maison passive
© Kontext Architectes

L’habitat s’ouvre au Sud selon les principes bioclimatiques. Les pièces de vie profitent de grandes baies vitrées et de la lumière du soleil. En revanche, on dispatchera les pièces les moins utilisées façade Nord avec des surfaces vitrées réduites. L’enveloppe quasi-parfaite empêche les déperditions de chaleur. La réduction des échanges thermiques offre un climat intérieur agréable. L’hiver, le soleil est accueilli les bras ouverts pour capter toute son énergie, l’été, il vaut mieux s’en prémunir. Pour éviter la surchauffe, misez sur l’installation d’occultations comme des casquettes solaires, des brise-vues orientables ou des stores protégeant vos ouvertures du soleil. Du bon sens et quelques réflexes suffisent à profiter d’un intérieur frais au fil des saisons. La philosophie passive suggère une nouvelle façon d’habiter.

Une construction écologique ?

Maison passive par Kontext Architectes
© Kontext Architectes

Architecture pérenne entre sobriété et résilience, les bâtiments passifs limitent leur impact sur l’environnement en économisant l’énergie. Quid du bilan carbone global ?

Aucune réglementation spécifique ne régit les matériaux choisis pour la construction. Si la logique préconise les matériaux biosourcés et l’ossature en bois, certaines maisons passives sont construites avec du béton et du polyuréthane – un produit plastique issu du pétrole. Malgré le manque de cohérence de ces solutions, l’emploi de matériaux synthétiques n’est pas à bannir pour autant. En effet, sur l’écobilan, ces constructions présentant une bonne isolation prévalent sur une maison mal isolée utilisant des matériaux biosourcés.

Le défi de la rénovation : comment rendre sa maison passive ?

Vieillissement du parc immobilier, augmentation des coûts de l’énergie, la rénovation devrait connaître un regain d’intérêt les années à venir. Ce champ d’action en croissance joue un rôle majeur dans la transition énergétique. La transformation d’une ancienne bâtisse en un habitat passif représente un challenge plus complexe qu’une construction neuve. Maîtrisable sur le neuf, le projet de rénovation doit composer avec l’existant : l’enveloppe du bâti, l’orientation…

L’étude thermique du logement expose les points d’améliorations pour atteindre les objectifs ambitieux d’une consommation énergétique de 25kWh/ (m².an) pour le chauffage. L’enveloppe reste essentielle pour parvenir au niveau passif. Tel un manteau d’hiver, l’isolation extérieure recouvre le bâtiment et agit efficacement contre les ponts thermiques – passages d’air responsables de pertes de chaleur -, toutefois inévitables au niveau des fondations. Si l’intervention extérieure n’est pas envisageable alors on augmente l’épaisseur de l’isolant vers l’intérieur. La recherche d’efficacité se traduit également par l’installation de vitrages plus performants (fenêtres triple vitrage) et d’une meilleure ventilation. Tout projet peut devenir passif mais selon la configuration initiale les coûts fluctuent considérablement pour aboutir au résultat escompté. Avant de vous lancer dans une quête de labellisation, étudiez la faisabilité de votre projet : un volume compact, une orientation au Sud possible et l’absence de masques solaires.

Bon à savoir : des aides financières existent pour entamer ce type de travaux éco-énergétiques.

Opération certification : avantages et labels

Maison passive contemporaine à Bondues
Maison passive à Bondues, Vincent Delsinne Architecte © François Mainil Photographe

Pourquoi labelliser un bâtiment ? La certification atteste des performances réelles du bâtiment. Elle garantit la qualité énergétique de la construction ainsi que son confort intérieur. Cette assurance qualité dissipe les doutes des établissements bancaires et assurances plus enclins à suivre le projet. Lors de la revente, le bien bénéficie d’une véritable valeur ajoutée. De plus, il prend de l’avance sur les standards énergétiques de demain.

Le concept allemand : « PassivHaus »

Tout droit venu d’Allemagne, le concept de Passiv’haus – maison passive en français – désigne un habitat économe en énergie et bénéficie du label du même nom, PassivHaus. La labellisation est consentie suite à une vérification réalisée par un tiers de différents critères liés à la réalisation du bâtiment. Cette certification s’intéresse aux éléments sensibles du bâtiment tels que l’isolation, la ventilation de l’enveloppe, l’étanchéité à l’air… Elle contrôle quatre critères dont le principal est la consommation annuelle de chauffage inférieure à 15 kWh/m².

Le label français : « Bâtiment Passif »

En France, le label Bâtiment Passif attribué aux constructions neuves, se décline sous quatre niveaux de performance répondant à des indices spécifiques. La catégorie « Bâtiment Passif Classique » concerne aujourd’hui la majorité des labellisations. Celle-ci sert de base pour les niveaux suivants : « Passif Plus » ou BEPOS (Bâtiment à énergie positive) et « Passif Premium ».

Enfin, les bâtiments n’atteignant pas les standards classiques peuvent toutefois entrer dans la catégorie « BaSE » (Bâtiments Sobre en Énergie).

Des critères spécifiques pour la rénovation : le label « EnerPHit»

Quant aux bâtiments anciens bénéficiant d’une rénovation passive, ils jouissent du label EnerPHit décliné en trois niveaux : Classique, Plus et Premium. L’assouplissement des critères du standard prend en compte la complexité plus importante à égaler de hautes performances énergétiques en rapport au neuf. En comparaison d’un même critère, la consommation de chauffage se doit d’être inférieure à 25 kWh/m²/an. Chaque projet de rénovation présente des exigences et des contraintes particulières, la labellisation en devient encore plus précieuse.

La labellisation « Bâtiment Passif » : un parcours d'exigence

Maison passive à Templeuve, façade en bois
Maison passive à Templeuve, Vincent Delsinne Architecte © François Mainil Photographe

Délivrée par la Passivhaus Institut (PHI) en Allemagne – référence à l’échelle internationale – l’association La Maison du Passif (anciennement La Maison Passive) est le seul organisme habilité à réaliser la labellisation sur le territoire français.

Deux étapes sont nécessaires au bon déroulement du processus et demandent une grande rigueur lors la construction. Le labellisateur réalise une première évaluation lors de la phase de conception de l’habitat. Celle-ci consiste au passage en revue de l’étude thermique PHPP (Passive House Planning Package, logiciel de simulation thermique reconnu). Cette étape préalable lui permet de délivrer un rapport évaluant les caractéristiques thermiques du bâtiment par rapport aux critères passifs. Ainsi, les performances peuvent encore être corrigées et optimisées avant la réalisation.

Une fois la construction sortie de terre, un deuxième contrôle permet de vérifier la bonne application du dossier de conception et d’en valider le respect des normes en vigueur. Si le labellisateur émet un avis positif à l’issue de l’étude, le maître d’ouvrage reçoit un certificat, un livret explicatif, ainsi qu’une plaque de labellisation apposable sur la façade. La délivrance de ces éléments atteste de la bonne réussite de la labellisation. Le coût de la prestation dépend de la complexité de chaque dossier, une simple demande de devis permet d’en estimer le budget.

Bilan du label français

La Maison du Passif comptabilise près de 450 labellisations françaises dans l’habitat collectif, individuel et tertiaire. Un chiffre déconnecté de la réalité. Nombreux sont les propriétaires ne souhaitant pas se lancer dans une labellisation. Leur habitat n’entre alors pas en considération, il constitue la partie immergée de l’iceberg.

Dans un même temps, de plus en plus de projets tendent vers le “niveau passif” sans nécessairement l’atteindre complètement. Source de motivation, le label peut se féliciter d’instaurer une dynamique plus vertueuse visant à réduire la consommation énergétique.

Les Hauts-de-France en tête sur l'architecture passive

Restaurant scolaire de Loos
L’Abeille gourmande, restaurant scolaire passif à Loos, Delsinne Architecte © Julien Lanoo Photographe

Dans les Hauts-de-France, les « Bâtiments Passifs » séduisent. La région fait figure de pionnière sur le territoire national avec plus de 200 000 m² passifs. On dénombre plus de 150 logements individuels, une trentaine de logements collectifs et une dizaine de bâtiments scolaires. Un développement poussé par le CD2E, partenaire de La Maison du Passif depuis 2009. L’association se charge d’accompagner, de conseiller et de former aussi bien les entreprises et porteurs de projets que les territoires sur la question du passif. Dans le cadre de son service Bâtiment Durable, le pôle sensibilise et participe au quotidien au développement de la construction passive sur le territoire régional.

Le CD2E a permis la création du Collectif des Acteurs du Passif (CAP) en 2014. Présidé par l’architecte Fabienne Vanderbecq, le CAP regroupe maîtres d’ouvrage, entreprises, artisans, architectes et bureaux d’études convaincus par la construction passive. Les interlocuteurs, rassemblés et nombreux, diffusent les bonnes pratiques au plus grand nombre valorisant ainsi l’habitat passif et facilitant sa croissance. Le collectif est impliqué dans 80% des projets régionaux. Grâce aux professionnels engagés le nombre de projets réalisés s’est vu multiplié par 6. Aujourd’hui, plus d’un tiers des bâtiments tertiaires et scolaires labellisés se situent en Hauts-de-France.

Un bâtiment passif primé dans le Nord

Bâtiment passif, restaurant scolaire de Loos
L’Abeille gourmande, restaurant scolaire passif à Loos, Vincent Delsinne Architecte © Julien Lanoo Photographe

Face aux nécessités de sobriété énergétique et environnementale, les bâtiments collectifs optent, eux aussi, pour la réponse du passif. En métropole lilloise, le restaurant scolaire de Loos devient le premier bâtiment labellisé consacré uniquement à cet usage. Vincent Delsinne, l’architecte des lieux, a imaginé un plain-pied enveloppé de bois de mélèze au cœur d’un espace végétal de 8 500 m². Le cheminement couvert abrite les enfants de la pluie et les noues végétalisées recueillent les eaux. Le défi réside dans l’usage du bâtiment compte tenu des équipements nécessaires à la cuisine. Un véritable travail sur le confort acoustique a été réalisé au sein de la salle la rendant agréable pour le personnel. Les prouesses architecturales lui valent une récompense lors du dernier salon Passibat’.

Découvrez un autre projet de l’architecte avec la visite d’une maison passive dans le Nord.

Vous aimerez aussi...

RE2020, certifications et labels des bâtiments durables

Décarbonation des bâtiments : le défi des promoteurs

Écoconstruction : les équipements adaptés

Toutes nos rubriques

Abonnez-vous
pour pouvoir accéder
à cet article !

Et recevez en exclusivité l’accès aux dernières tendances,
à nos livres blancs et à beaucoup d’autres surprises…

[AB]-Article- La maison passive

Abonnez-vous
pour pouvoir accéder
à la fiche technique téléchargeable !

Et recevez en exclusivité l’accès aux dernières tendances,
à nos livres blancs et à beaucoup d’autres surprises…

Abonnement - article - DIY

Abonnez-vous
pour recevoir de nombreux avantages

Recevez en exclusivité l’accès aux dernières tendances,
à nos livres blancs et à beaucoup d’autres surprises…

Newsletter