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Papillon

De la biodiversité dans mon jardin

“C’est un jardin, extraordinaire” chantait Charles Trenet, voici plus de 50 ans. En 2020, un jardin extraordinaire ce serait un haut lieu de la diversité végétale : un petit coin de nature pour accueillir des fleurs sauvages, des arbustes, des arbres, des fruits, des insectes et de petits animaux de la région qui peinent à trouver refuge.

Par Barbara Berret

La biodiversité au quotidien

Bonne nouvelle : il suffit d’un jardin, même tout petit pour cultiver la biodiversité. En changeant nos habitudes et en bouleversant quelque peu nos pelouses, nous pouvons accéder à un monde attendrissant, plein de charme et de surprise ! De nouvelles pratiques permettront à de nombreuses espèces de subsister. Et un véritable lieu d’observation va s’ouvrir à nous. Avec un peu de chance, et un brin de sensibilisation parentale, des botanistes en culottes courtes vont à nouveau chercher les têtards dans la mare ou confectionner quelques jolis herbiers.

© Clémence Henderyckx
© Clémence Henderyckx

Repenser les espaces extérieurs

Nous avons contacté le conservatoire botanique de Bailleul et étudié les documents du centre régional de ressource génétique de Villeneuve d’Ascq, c’est-à-dire les spécialistes du domaine pour vous donner des conseils éclairés et vous accompagner dans la démarche.

© Clémence Henderyckx
© Clémence Henderyckx

Les conseils tiennent en quelques mots. Mais c’est un monde d’habitudes à changer : choisir des essences locales, ménager un espace “friche”, creuser une mare, planter des arbres fruitiers, favoriser l’installation des insectes, créer des haies variées. Voilà qui demande de repenser ses espaces, de réfléchir les priorités. Même si, pour commencer, il suffit juste d’accepter de refaire un peu de place au spontané et au sauvage derrière chez soi.

© Benoît Toussaint
© Benoît Toussaint
©T.Cornier
©T.Cornier

La biodiversité en Hauts-de-France en chiffres

Les + : Le satisfecit

Les Hauts-de-France contribuent aux maintien de certaines espèces menacées : le phoque veau-marin, la bythinelle des moulins (escargot d’eau douce), la grenouille des champs, le murin des marais (espèce de chauve-souris) ou l’anémone sauvage.

Les – : L’alerte

La chute de la population d’insectes et d’oiseaux, sensible au niveau européen et français, se vérifie dans notre région.

La beauté sauvage des plantes d’ici

Côté jardin, le local est votre meilleur allié. Pourquoi ? Les espèces végétales sont naturellement adaptées à la terre et au climat. Elles poussent donc facilement. Mais surtout, elles s’entendent à merveille avec la faune qui elle aussi est du cru. On pense aux insectes pollinisateurs qui assurent leur reproduction. Mais aussi aux oiseaux, qui se nourrissent de ces mêmes insectes, ou encore, aux petits animaux qui se cachent dans les jardins.

Certes, mais comment repérer les espèces locales ? La tâche première du jardinier sera l’observation. Une petite balade s’impose en milieu naturel, et surtout le plus près de chez soi possible. Vous y êtes ? Vous les voyez ? Vérifiez qu’elles ne soient pas protégées, et qu’elles soient disponibles en grand nombre. Et si c’est le cas, vous pouvez prélever un plant, récolter les graines, ou vous exercer à la technique de la bouture. Si les espèces sont protégées, ou nécessitent un peu d’expertise, adressez-vous à un pépiniériste. Il en est deux dans la région qui sont labellisés « Végétal Local » et sauront vous renseigner

© Eliane Florent Giard
© Eliane Florent Giard

Plantonsledécor.fr : un site pour les commandes groupées d’espèces régionales

Développée par les Espaces Naturels Régionaux Hauts-de-France, l’opération « Plantons le décor » a pour objectif de préserver l’originalité des paysages locaux en donnant préférence aux végétaux locaux. Pour aider les particuliers dans cette démarche, le site propose des commandes groupées d’essences régionales : deux commandes groupées par an sont organisées. La première de l’année vient d’être finalisée le 14 février. Il reste donc à être vigilant et à ne pas laisser passer la seconde ! La date limite de commande sera le 18 octobre pour une livraison le 16 novembre. Juste à temps pour les plantations d’arbustes !

© Clémence Henderyckx
© Clémence Henderyckx

La marque « végétal local »

La marque végétale local a été créée par les conservatoires botaniques nationaux. Elles garantissent des semences prélevées dans le milieu naturel de la région où elles sont commercialisées. Elle permet de s’assurer que ces végétaux ont conservé un maximum de leur diversité génétique et qu’ils s’adapteront bien sur place à court et long terme.

Des pépiniériste labellisés « Végétal local »

Pépinière de la Cluze, 7 chemin de la Cluze à Wimille www.pepinieresdelacluse.net

Pépinière de l’Haendries 1600 route de Locre à Bailleul www.pepinieredelhaendries.com

Une grainothèque à Bailleul

Le conservatoire botanique de Bailleul possède une grainothèque. Allez y chercher quelques graines. Et surtout l’année suivante, après votre « récolte » apportez-en à votre tour !

Vous pouvez également visiter leurs jardins ou participer à des ateliers sur place. Conservatoire Botanique Hameau deHaendries – 59270 BAILLEUL – www.cbnbl.org

L’art de ne rien faire

Oui, c’est un changement radical de posture. Le lâcher prise c’est aussi un beau geste pour la diversité. Lâchez prise et regardez : des orties prennent-elles le lead ? Ne vous désolez pas, c’est le signe d’une terre riche en azote et en fer. Laissez-les prospérer dans un coin du jardin. (Vous pourrez même en cueillir quelques feuilles pour ajouter à vos soupes : elles sont riches en oligoéléments, vitamines et acides aminés.). Mais ce n’est pas tout : un massif d’orties est un haut lieu de diversité : il accueille plus d’une centaine d’insectes, parmi lesquels un grand nombre de papillons mais aussi d’oiseaux et de petits mammifères. Vous pourrez aussi la tenir à l’écart de vos autres espaces : en prenant l’habitude de faucher de temps en temps, sans laisser votre fauche sur place. Cela appauvrira la terre et d’autres végétaux prendront place. Pas trop adepte du chaos naturel dans le jardin ? Tondez autour de votre friche : ainsi délimitée elle paraitra beaucoup plus civilisée. Vous pouvez la situer en fond de terrain, près d’un bosquet, d’une haie, et lui donner une forme harmonieuse.

Le retour des haies dans les villes comme dans les campagnes

Finies les haies mono-essence : en invitant un grand nombre d’espèces d’arbres et d’arbustes dans les haies, vous créerez de très jolies “niches écologiques”. Quelques idées d’essences pour une haie basse ? Le charme, le noisetier, le viorne obier, le cornouiller sanguin, le fusain d’Europe, l’églantier… Ces arbustes offrent de jolies fleurs parfumées, et des couleurs qui varient avec les saisons. Vous pouvez aussi laisser pousser des plantes grimpantes, comme le chèvrefeuille, et des plantes au pied de la haie : de jolies anémones, de savoureuses alliaires (un léger goût d’ail), des stellaires (elles poussent en « touffe », mais uniquement sur des sols sains). La haie est aussi un lieu d’habitation pour les animaux, une source d’alimentation, un lieu d’hibernation (pour les hérissons par exemple), un refuge contre les prédateurs et les intempéries…

Créer une marge dans un coin de verdure

Une mare dans un jardin ? Pourquoi pas ? Elle saura attirer libellules, demoiselles, papillons et autres insectes. Et des oiseaux – passereaux, fauvettes, poules d’eau – attirés par le festin s’empresseront dans votre jardin ! Vous aurez peut-être la chance de voir aussi se reposer et se nourrir quelques hérons cendrés. Il suffira de creuser un “trou” d’1m2 de surface ou plus et d’au moins 1 mètre de 80 profondeur dans l’endroit le plus bas du terrain, pour faciliter la récupération des eaux de pluie. Bâcher le fond sera sans doute nécessaire, à moins que vous n’ayez la chance d’avoir un sol argileux (la terre est alors rougeâtre ou verdâtre). Au-dessus de la bâche, il faudra alors remettre quelques centimètres de terre. Autour, il n’est pas nécessaire de planter.

Les plantes hydrophiles devraient arriver d’elles-même, la patience sera vertu : il faut attendre deux ou trois ans. Les plus pressés prélèveront quelques plants ou boutures autour d’une mare proche, d’espèces non protégées, et suffisamment abondantes. Les poissons sont de redoutables prédateurs, on les évitera donc. Mais ils peuvent arriver d’eux-mêmes transportés par les pattes des oiseaux. Et disparaître à nouveau. Le moment idéal pour creuser est en hiver, ou avec un peu de chance au printemps, pour que la mare puisse bénéficier des pluies pour se remplir. Elle pourra s’assécher pendant de courtes périodes en été. Son écosystème ne sera pas menacé pour autant.

© Lachant Michael
© Lachant Michael

Des gîtes pour les insectes

«L’hôtel à insectes, n’est pas le mieux adapté. Les petites bêtes ne s’entendent pas toujours les unes avec les autres. Il est donc préférable de créer des “gîtes”, autrement dit, des endroits reproduisant les conditions naturelles et favorables aux insectes. Par exemple, on coupera des branches d’une taille de 20 cm, on les attachera ensemble et on les suspendra dans un arbre ; les insectes s’y installeront ; ou encore, on disposera un petit tas de bois au fond du jardin.», explique Clémence du Conservatoire National Botanique de Bailleul.

Quelques idées puisées dans une brochure « Plantons le décor »

Un gîte à bourdons pour favoriser lapollinisation des arbres fruitiers. Remplir de paille un pot en terre cuite, l’enterrer à l’envers : une reine bourdon pourra s’y installer et créer une colonie Un gîte à perce-oreille : passez une ficelle dans un pot de terre cuite, remplissez-le de paille et déposez-le sur le sol, idéalement près d’une haie ; les perceoreille pourront y élire domicile et vous pourrez accrocher le gîte dans l’arbre que vous voudrez aider à se débarrasser de ses pucerons.

Un gîte à hérissons : une caisse retournée, recouverte de bois et munie d’une ouverture de 20 cm servira de nid aux hérissons. À installer dans un lieu à l’abri du soleil, du vent et de l’humidité.

Un petit verger joli à croquer

Des nuages de fleurs au printemps dans votre jardin ? Des abeilles et des bourdons qui les butinent avec application ? C’est la promesse de pommes et de poires sucrées à croquer, de cerises juteuses ou de prunes succulentes qui enchantent les petits et les grands. Les arbres fruitiers ont tout à faire dans nos jardins. Les espèces locales qui vous régaleront sont nombreuses. Elles répondent aux doux noms de Cabarette, des reinettes des Flandres (variétés de pomme), Cerise Blanc nez, Coe violette (prunes). Et ce n’est qu’un petit aperçu ! Choisir vos plants – en fonction des fruits attendus, déterminer la forme de votre futur arbre – haute ou basse et choisir le lieu où ils s’épanouiront est le départ de cette belle histoire avec vos arbres. Idéalement, vous les planterez par deux avec des moments de floraison synchronisés pour faciliter la pollinisation.

Vous trouverez les espèces locales sur le site plantonsledécor.fr, ou chez les pépiniéristes de la région.

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