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Art antique : l’éternel retour

Chaque époque reprend plus ou moins à son compte une esthétique fantasmée de l’Antiquité. Notre XXIe siècle n’est pas en reste, nombre de designers jouent toujours avec les codes de l’art antique. Entre une certaine dérision et le plaisir d’inviter dans nos demeures quelques statuaires anciennes, ils contribuent à maintenir vivante notre fascination pour ces civilisations disparues. Même si au passage, ils en oublient, comme certains de leurs illustres prédécesseurs, que les couleurs étaient omniprésentes…

Le monde effacé des couleurs antiques

Art antique Louvre-Lens
© Philippe Chancel Louvre-Lens

Parce que non, les statues de l’Antiquité n’étaient pas habillées d’un blanc immaculé ! “Depuis la plus Haute Antiquité, il y a des traces de polychromie pour ce qui est des représentations humaines”, précise Gunilla Lapointe, chargée de projets de médiation du Louvre-Lens. Peintes à partir de matières organiques, ces statues ont souffert de l’érosion et des intempéries. Dans la Galerie du temps, nous avons une idole, qui vient des Cyclades en marbre blanc. En y regardant de plus près, elle a une toute petite tache rouge sur la poitrine, ainsi qu’une trace de polychromie noire à l’arrière du crâne. Tout son corps était de ce rouge couleur terre et sa chevelure noire. « Aujourd’hui, nous avons l’habitude de regarder cette statuaire en marbre blanc et en beige, mais il faut s’imaginer qu’elle était initialement très colorée.

Alors pourquoi dans notre imaginaire, l’art de l’Antique rime forcément avec blanc rutilant ? “Les premières fouilles archéologiques à la Renaissance et à la fin du XVIIIe siècle étaient  menées par des aventuriers, des passionnés, qui ne disposaient pas des méthodes scientifiques d’aujourd’hui. Ils découvraient des pièces usées, érodées et appréciaient la poésie des ruines. Le charme de l’Antique c’est le fragment que l’on apprécie sans que l’œuvre soit complète. Elle évoque une espèce de nostalgie, de romantisme, mais aussi une espèce de pureté de civilisation du passé, idéalisée. Cette vision va inspirer des grands maîtres comme Michel-Ange qui va travailler le marbre “non finito” (inachevé) tout comme Rodin”, ajoute la spécialiste.

L’esthétique romantique du monde antique dans nos intérieurs

Une esthétique romantique qui fait son grand retour chez plusieurs designers, avides de faire renaître cette décoration à l’allure antique. “C’est un éternel recommencement. Le mobilier napoléon était très inspiré par l’Antiquité, tout comme l’a été le groupe Memphis dans les années 1980”, souligne la spécialiste Gunilla Lapointe. “Aujourd’hui, il y a une espèce de sobriété des lignes, avec toujours cette idée de romantisme. Une tête d’antique qui va devenir un mug ou alors une colonne qui va faire office de pied de table etc. C’est un détournement de pièces iconiques qui deviennent alors des objets du quotidien. Avec un peu de  dérision, mais toujours avec un certain respect pour l’objet, et qui font finalement  entrer ces icônes de l’histoire de l’art dans la culture populaire.”

Art antique statue Seletti
© Seletti
art antique Statue Seletti
© Seletti

Parmi ceux qui se sont pliés à l’exercice de la tendance déco, il y a la maison d’édition italienne Seletti et sa collection “Memorabilia Mvsevm” qui rend hommage aux classiques de la sculpture italienne, via cinq bibelots évoquant différentes parties du corps. Pour l’occasion, le designer Marcantonio a aussi signé une tête inspirée par le très célèbre Discobole de Myron, statue de la Grèce antique représentant un athlète en train de lancer un disque. Dans un style similaire, la marque néerlandaise HKliving s’offre une tête d’Apollon en plâtre, modernisée par un angle droit. 

Vase Octaevo
© Octaevo
Vase Octaevo
© Octaevo

Dans un tout autre registre, mais toujours inspiré par les temps anciens et méditerranéens, il y a la proposition de la marque barcelonaise Octaevo. Lancée par Marcel Baer, celle-ci s’est donné comme mot d’ordre de rendre hommage à la culture du sud de l’Europe. La preuve avec sa série de vase en papier, flanquée de visages stylisés, évoquant des personnages mythologiques comme Janus, Apollon ou Icare.

Statuette salvatori
© Salvatori

Plus conceptuel, la créatrice espagnole Patricia Urquiola a conçu une collection de statuettes pour la maison Salvatori, baptisée “Kore”. Le terme fait référence à la figure de la korè, qui désigne ces statues de jeune femme de la Grèce archaïque. Immaculées, et tout en géométrie, ces pièces de marbres sont comme un clin d’œil amusé, à ces premiers passionnés d’histoire antique, touchés par le romantisme des ruines.

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