D’ici 2025, une vaste opération de réhabilitation verra le jour à Haubourdin, en lieu et place de la friche Cuvelier & Fauvarque. Mais comment s’inscrire avec douceur et sensibilité dans les anciens chais historiques, tout en conservant l’âme de ce cru bicentenaire ? À travers Millésime, le groupe Sofim dévoile une robe éclatante qui promeut l’art de vivre et d’habiter.
Un programme d'immobilier neuf pour la célèbre friche d'Haubourdin

L’attaque est franche : à l’aube de 2023, la maison Cuvelier & Fauvarque s’apprête à vivre un tournant de son histoire. Cette entreprise historique d’Haubourdin se voit réhabiliter avec un projet qui s’inscrit au plus près de ses habitants. Porté par le groupe Sofim et dessiné par l’agence d’architecture Dehaene + Partenaires, Millésime mêlera logements, commerces et bureaux. Le projet propose ainsi une nouvelle manière d’habiter. « Aujourd’hui, on ne construit pas seulement un immeuble mais tout un ensemble, en prenant en compte tous les éléments existants autour pour créer la meilleure harmonie qui soit. C’est important que les occupants vivent bien dans leur logement, mais aussi dans leur environnement », insiste Geneviève Houzé, directrice générale du groupe Sofim.
Avec son esprit village en retrait de l’agitation, la commune d’Haubourdin, dans la métropole lilloise, – autrefois marquée par l’ère industrielle – séduit aujourd’hui de nombreux actifs et jeunes familles. L’arrivée du tramway, d’ici quelques années, contribuera à faire davantage monter sa cote. Témoin d’une époque révolue, le site de la maison Cuvelier & Fauvarque illustre la volonté de revaloriser par la ville – en lien avec la MEL (Métropole Européenne de Lille) – une ancienne friche, qui a façonné une partie de son histoire.
La part de l'héritage
Chaque année, ce sont un million de bouteilles distribuées. Alors, comment écrire un récit contemporain sur ce site emblématique de 7 000 m² tout en conservant son identité ? Pour comprendre, il faut remonter onze ans en arrière. À l’époque, Ludovic Bigo et Benoît Lepoutre – tous deux repreneurs et propriétaires des lieux depuis 2002 – s’interrogent sur l’avenir de ce bâtiment. Ils veulent en faire un grand lieu de vie autour du vin. « Notre outil logistique n’était plus adapté à l’évolution du marché et à nos méthodes de travail. Il devenait difficile de maintenir l’activité en l’état. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé, il y a trois ans, de mettre en vente cette belle bâtisse », explique Ludovic Bigo, d’une voix émue.
En 2020, un appel d’offres « restreint » est lancé à destination des promoteurs immobiliers pour imaginer un futur aux locaux du célèbre négociant régional. La proposition du groupe Sofim remporte tous les suffrages. « Par ses qualités esthétiques, le projet embellira la ville et apportera de la vitalité au quartier », se réjouit le patron de la maison Cuvelier & Fauvarque. Et cerise sur le gâteau : le magasin actuel sera agrandi et réhabilité pour juin 2025. Un beau clin d’œil au passé, à l’instar du nom retenu pour le projet.
Une société qui se bonifie avec le temps
Au 98 rue Albert Vanderhaeghen, une page se tourne donc, et un nouveau lieu de vie se dessine entre le neuf et l’ancien. Avec plusieurs réhabilitations remarquables à son actif, le promoteur n’en est pas à son premier coup d’essai. « Les Français sont attachés aux bâtiments de leur ville. Réhabiliter, restaurer ou rénover des édifices en leur rendant tout leur lustre d’antan est un défi passionnant », souligne Geneviève Houzé. À l’image de la métamorphose de la distillerie Claeyssens à Wambrechies – en cours de chantier – celle de la maison Cuvelier & Fauvarque se fera dans le respect du patrimoine architectural existant. Ici, les façades en front à rue seront restaurées à l’identique pour conserver le charme du XIXᵉ siècle. Une attention particulière est portée aux deux grandes portes en forme d’arche, les ornements et autres éléments du décor. Par contre, les structures ne présentant aucun intérêt architectural seront curées.
Un projet mixte et équilibré

Accessible à tous, le rez-de-chaussée abritera une épicerie, un restaurant. Bien sûr, on y trouvera un espace de vente Cuvelier & Fauvarque, pour tous les amoureux des beaux crus. « Garder l’image de cette maison de négoce en vin avec un point de vente était pour nous primordial », confie Geneviève Houzé. Du côté des ex-propriétaires, on se félicite aussi de cet ancrage. « Nous sommes très attachés au lieu, c’est à la fois un soulagement et une fierté de savoir que la marque restera présente grâce au magasin. » L’étage quant à lui, sera occupé par des bureaux. À l’arrière, les anciens bâtiments ouvriers, qui accueillaient autrefois les caves, seront détruits. C’est là que le neuf vient s’intégrer au projet. En effet, un ensemble de 108 appartements neufs sera construit. Ce sont également 27 logements en résidence intergénérationnelle Éloa ainsi que des commerces en pied d’immeuble.
Un bouquet floral

Si les élus ont accordé le permis de construire, le projet a connu maints rebondissements. « Le site est à la fois intéressant et complexe car il a fallu prendre en considération l’environnement existant, pour intégrer la résidence avec équilibre et harmonie dans ce quartier dans lequel les habitants pourront s’épanouir. On a travaillé conjointement avec la ville pour préserver et améliorer l’accessibilité et la sécurité des établissements scolaires situés à proximité », raconte Geneviève Houzé. Ainsi, un point d’honneur a été mis pour penser et soigner les aménagements extérieurs. Le parvis sera donc élargi et une zone de stationnement sera créée, assure-t-on.
Côté espaces verts, le projet prévoit un boulodrome, un jardin potager, ainsi que la plantation de 60 arbres, en sus des arbustes et massifs. Une écriture végétale qui s’invitera jusque sur les toitures et les façades de la résidence avec des plantes grimpantes. « On vient ici recréer des espaces verts, en écho à un contexte environnemental préoccupant, sur un site jusqu’alors largement minéralisé », pointe Fabien Richard, directeur de programmes chez Sofim. « Aujourd’hui, le promoteur a une véritable carte à jouer en retravaillant sur d’anciennes friches industrielles. C’est un moyen très noble de redonner à la nature ce qu’on lui a pris pendant des années », renchérit Geneviève Houzé. Réhabiliter oui, mais surtout améliorer le cadre de vie des habitants. Pour se faire, créer des lieux partagés pour le vivre ensemble, voilà comment résumer la finale de ce Millésime.
Cavistes Cuvelier & Fauvarque, un savoir faire bicentenaire

La première activité de négoce remonte à 1787, lorsque la famille Fauvarque s’installe près de Quesnoy-sur-Deûle. De son côté, à Haubourdin, Henri Cuvelier fonde en 1804 une maison de négoce et d’élevage dédiée aux vins. Pendant près d’un siècle, les deux négociants profitent du commerce viticole florissant. ET ce, en particulier grâce à l’aristocratie anglaise, amatrice des crus bordelais. Au début du XXᵉ siècle, la famille Cuvelier fait l’acquisition de plusieurs domaines en Gironde. À l’image du Château Le Crock, du Château de Camensac ou encore du Château Léoville Poyferré. Il faudra cependant attendre 1985 pour voir les deux maisons concurrentes se réunir, formant ainsi Cuvelier & Fauvarque.
Dix-sept ans plus tard, faute de successeurs familiaux motivés, l’entreprise est reprise par Ludovic Bigo et son beau-frère, Benoît Lepoutre. Tous deux sont bien décidés à faire perdurer l’histoire de ce premier négociant en vin indépendant au nord de Paris. Depuis 2002, les deux entrepreneurs ont conçu de nombreuses activités connexes ; des cours d’œnologie à la dégustation, en passant par le stockage via un partenariat avec la société InVinôme. Un projet autour des plaisirs de la cave, avec l’ouverture d’un premier magasin d’un genre nouveau, est prévu d’ici 2023. Et cette fois-ci, la relève est déjà assurée. En effet, Baptiste, Auguste et Léonard Bigo, les trois fils de Ludovic, ont, en partie, déjà embrassé leur mission.