L’attribution récente du Prix Pritzker, véritable Nobel de l’architecture, au Burkinabé Diébédo Francis Kéré, ou de la Golden Medal du Riba au Britannique et Ghanéen David Adjaye, a rappelé qu’il fallait compter sur les talents de la discipline, issus du continent. Idem pour le design.
La preuve, avec cinq maisons d’édition mettant en lumière les savoir-faire africains.
Les maîtres bronziers du Burkina
Du mobilier ou des bijoux version XXL ? Nous n’avons toujours pas su trancher ! Mais ce dont nous sommes sûrs, c’est qu’il est bien difficile de rester indifférents face aux somptueuses pièces dorées de Maison Intègre ! Cette maison d’édition valorise l’artisanat burkinabé. Initiée par la Française Ambre Jarno, elle a recourt à la technique dite du bronze à la cire perdue. Via un astucieux système de moulage, les artisans façonnent des objets ou meubles avec du bronze issu du recyclage. Et le résultat est splendide, à l’image de cet impressionnant tabouret “Adé” imaginé par François Champsaur, ou du luminaire “Echo Lamp” de Brendan Ravenhill. Des meubles et objets de décoration qui puisent dans le folklore local leur esthétique, et offrent à cette technique un nouveau statut.
Une production à taille humaine, qui reste en accord avec le modèle artisanal traditionnel.
L’artisanat de Namibie
Pour le studio de design IBKKI, l’inspiration se puise dans le foyer culturel de Numidie, ancien territoire du peuple berbère. Lancée par deux amis, Azek et Youri, cette marque tient à concevoir des objets avec des artisans. Ils apprennent et reproduisent des techniques à leurs côtés “sans rien leur imposer”, précisent-ils. Une façon de faire qui permet une “production à taille humaine, qui reste en accord avec le modèle artisanal traditionnel”.
Surtout focalisé sur la céramique, IBKKI donne naissance à des pièces variées, toutes habillées d’émaillages rutilants. Pour leur dernière série “The Process Collection”, les designers ont fait le choix d’une collection de pièces uniques, sans test au préalable, comme si elles étaient toutes des prototypes, explorant ainsi pour chacune des processus créatifs différents.
Tressage de pêcheurs
Que diriez-vous d’un détour par le Sénégal ? C’est dans ce pays que la maison d’édition italienne Moroso a établi un atelier pour valoriser les techniques de fabrication locales. Une initiative que l’on doit à Patrizia Moroso, sensibilisée à cet artisanat par son époux, l’artiste sénégalais Abdou Salam Gaye. Initialement utilisée pour la fabrication de filets de pêche, cette technique de tressage à la main de fils en plastique, se retrouve ainsi sur des pièces pensées par des designers, convoqués par la maison Moroso.
Le plus iconique est sans nul doute le fauteuil “Shadowy” du designer Tord Boontje, reconnaissable à ses courbes et son allure extravagante. Le dossier se transforme pour prendre la forme d’un auvent, et ainsi nous protéger du soleil. Le dernier né en date est le fauteuil “Modou” de Ron Arad, nommé en hommage au forgeron du même nom qui a travaillé avec lui à Dakar.
« Modou » de Ron Arad, a été nommé en hommage au forgeron du même nom, qui a travaillé avec le designer à Dakar.
Les courbes du Botswana
Notre dernier arrêt se fera au Botswana, pays dont vient le designer Peter Mabeo. Pour la maison de luxe italienne Fendi, il a signé une collection de mobilier, baptisée “Kampa”. Cette série de meubles est tout en courbes, à l’image de “Loma”. À ne pas manquer non plus, la pépite de la collection, la double assise “Shiya”.
