Portuaire, industrielle, balnéaire, culturelle : Dunkerque est plurielle. Cette ville aux identités multiples se renouvelle sans cesse. Alors que plusieurs musées fêtent des décennies de créativité, de grands projets d’aménagements urbains et touristiques dessinent une ville toujours plus attractive. C’est cet éclectisme architectural et ce dynamisme que Visite vous invite à explorer la ville de Dunkerque en mutation.
Vous arrivez par la gare ? La singularité architecturale de Dunkerque va vous sauter aux yeux ! Les grands immeubles de la reconstruction inspirés du mouvement moderne et de l’école d’Amsterdam, puis le Princess Elisabeth, un navire anglais requis pour l’Opération Dynamo, nous rappellent que Dunkerque a été détruite à 80% pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre la gare et le Pôle Marine, le tout nouvel hôtel Mercure 4 étoiles, situé Quai de Leith (inauguré en janvier 2023) s’illustre par son architecture ultra-moderne, avec sa façade métallique aux reflets gris bleuté.
Visite culturelle : le Musée Portuaire, 30 ans de voyages

Nous voilà de retour dans le Dunkerque du XIXème siècle, au cœur du Bassin de Commerce. Le Musée Portuaire, immense entrepôt des tabacs, témoigne de cette époque florissante. Il y a 30 ans, il devient un musée unique en France sur la volonté des dockers et de la communauté portuaire. « Préserver ce bâtiment majeur du patrimoine dunkerquois et la mémoire des activités portuaires, c’était déjà un signal très fort à l’époque, témoigne Jérémy Allebée, chargé de communication du musée. La Duchesse Anne arrive en 1981 à Dunkerque. C’est le premier bateau à être protégé au titre des monuments historiques en France. Le musée, unique par son patrimoine flottant, n’a eu de cesse de s’enrichir et d’évoluer. En 2023, il devient « maritime et portuaire » pour exprimer officiellement son ouverture sur la mer. »
L’exposition anniversaire, baptisée « À la table des géants, la gastronomie à bord des paquebots » témoigne déjà de ces nouveaux horizons thématiques. à l’étage, le Port Center permet de comprendre les activités actuelles du 3ème port de France.
Môles en mouvement
Ça bouge sur les Môles, les anciens quais du port. Le Môle 1 est devenu un lieu de rencontres, de loisirs et de travail artistique. Et ce, notamment avec la patinoire, La Halle aux Sucres (dans un bâtiment majeur du passé portuaire du XIXème siècle) réhabilitée par Pierre-louis Faloci et l’Association Fructôse. Le Môle 2 est lui aussi en pleine reconversion avec la naissance en 2023 du parc d’innovation Euraénergie dédié à l’énergie de demain. Autre projet inspirant : la création d’une usine de torréfaction de café par l’entreprise Grain de Sail. Leur cargo voilier partira de Dunkerque avec du vin bio et reviendra avec du café, torréfié sur place. Un joli symbole de l’énergie créative dunkerquoise.
La mutation du quartier Citadelle de Dunkerque

Autour du musée et de son imposante voisine l’Université du Littoral Côte d’Opale, le quartier de la Citadelle est en pleine mutation à Dunkerque. Dans la continuité de l’Espace Freycinet, le programme Dock 28 du groupe Pichet proposera, sur le site de l’ancienne CCI, une résidence résolument moderne. Son architecture en pignon sera colorée et inspirée des univers portuaires et nordiques. Le groupe prévoit sa livraison pour 2025. Tout autour, l’histoire n’est jamais loin avec des bâtiments comme l’ancien bureau des Messageries Maritimes (au blason figurant une licorne). C’est le cas également avec le bâtiment du Grand Port Maritime ou encore la Maison du Pilotage.
Le FRAC, audace architecturale

Direction le FRAC Grand Large Hauts-de-France. S’il a fêté ses 40 ans en 2022, il se trouve sur le site des anciens chantiers navals depuis 2013. En 2021 le cabinet d’architectes Lacaton-Vassal a décroché pour son œuvre, dont ce projet, le prix Pritzker. C’est la plus haute récompense en matière d’architecture au monde. La prouesse tient dans la réhabilitation et la préservation de la halle AP2 – un monstre de béton et d’acier. Mais aussi dans la création d’un double contemporain, transparent et en matériaux durables. C’est ici qu’est présentée l’exposition « Horizon(s) ». Elle célèbre le quadruple anniversaire des musées dunkerquois et du musée de l’Estampe Originale de Gravelines.
Galbes à part
Quai de la Cunette, la résidence Les Galbes nous ramène dans les années 2000. C’est les débuts du projet de reconquête des friches portuaires dunkerquoises. En effet, ces immeubles de l’architecte Nicolas Michelin, devenus emblématiques du quartier, avaient fait couler de l’encre pour leur innovation en matière d’efficacité énergétique (ventilation naturelle hybride) et leur revêtement étonnant alliant métal et bois.
Tourisme et mutation du quartier du Grand Large de Dunkerque

En mutation, le Dunkerque de demain se dessine ici, dans le quartier du Grand Large. C’est avec Valérie Charpentier de la Société de Développement du Dunkerquois (S3D), que nous reprenons la balade pour comprendre à quel point la ville change. « Nous accompagnons les collectivités de la Communauté urbaine de Dunkerque dans leurs projets de développement et de renouvellement urbain, précise-t-elle. Oui, Dunkerque est en plein chantier, – en mutation – avec une vision urbaniste globale qui met en réseau patrimoine, développement durable, tourisme, économie et attractivité du territoire. Plus de 1 500 logements vont naître d’ici 2026 sur un périmètre de 2 km. Autrefois boudée par les promoteurs immobiliers, Dunkerque suscite désormais l’intérêt. Derrière le FRAC, le projet Grand Bleu de Sofim – commercialisation au printemps 2022 – est encore un exemple de réhabilitation d’un bâtiment emblématique : l’ancien magasin général des chantiers de France. »
Une région aux logements ultra performants

L’un des grands projets immobiliers du quartier réside également dans la création d’un ensemble de bâtiments neufs étonnants. « Sur les îlots D09 & E09. Oui, on joue un peu à la bataille navale ici », s’amuse Valérie Charpentier en nous montrant l’emprise du chantier, à deux pas du FRAC. Ce projet démonstrateur sera composé de cinq bâtiments labellisés « Biodiversity » et « NF Habitat HQE très performant » (éoliennes en toiture et des panneaux photovoltaïques). La commercialisation (Sogeprom-Projectim) sera lancée au printemps 2023. « Ce projet est en totale adéquation avec le développement des mobilités douces. Il se situe à l’extrémité du fil vert. Cette voie douce paysagée en cours d’aménagement permettra aux piétons et aux cyclistes de relier la ZAC du Grand Large et la passerelle d’accès à Malo-les-Bains, au centre-ville en quelques minutes », termine Valérie.
Ville aux multiples passerelles

Depuis le FRAC, on peut se diriger vers Malo-les-Bains par de multiples chemins. En passant par la Passerelle du Grand Large, évidemment, dont les piliers blancs – comme les pointes du LAAC – évoquent la silhouette des grues des chantiers navals. « Le fond de scène d’un théâtre unique entre l’art et l’industrie ! » disait Gilbert Samel. On peut aussi emprunter le Pont des Bains vers le jardin public du Kursaal, conçus par Gilbert Samel. « La résidence vient d’être labellisée Architecture Contemporaine Remarquable, explique Myriam Morion, chargée de mission Patrimoine à la mairie de Dunkerque et notre guide pour terminer cette balade. Cet ensemble architectural, agréé Modèle Innovation, a été édifié entre 1972 et 1977 par les architectes Henri-Pierre Maillard et Jean Roussel. »
Une Marina à proximité de la mer et du port

D’ici 2030, le paysage autour du port de plaisance et de la digue de Dunkerque n’a pas fini de changer. En effet, ce grand chantier à venir est la 3ème étape de la transformation de Dunkerque, amorcée en 2017. Sur 9 ha, le projet Marina fera la part belle à l’éco-conception, aux voies piétonnes et cyclables et au végétal. Imaginez un port de plaisance agrandi (soit 450 anneaux) et modernisé. Ou encore des buttes végétalisées le long du canal exutoire avec de nouveaux logements avec vue sur mer et sur la ville (+ 250 logements), des commerces (cafés, restaurants, activités de plaisance et de loisirs) sur le quai Armement Nord. Et pour finir, une promenade balnéaire continue entre mer et nature reliant la plage de Malo au centre-ville.
Le LAAC, un précurseur de la communauté urbaine

Le LAAC est né il y a 40 ans de la volonté d’un homme visionnaire, Gilbert Delaine. Selon la petite histoire, c’est en feuilletant un magazine chez son dentiste que cet industriel dunkerquois tombe fou amoureux d’une reproduction d’une œuvre de Ladislas Kijno. C’est ainsi que naît la volonté de créer une collection par et pour les Dunkerquois. 60 industriels deviennent alors mécènes de l’Association l’Art Contemporain. Grâce au principe « une œuvre achetée, une œuvre offerte », la collection s’agrandit rapidement. Gilbert Delaine en fait don à la ville, en échange de la création d’un musée. C’est ainsi qu’est imaginé ce bâtiment, conçu comme une sculpture, par l’architecte Jean Willerval. Le Jardin des Sculptures signé du paysagiste Gilbert Samel l’entoure.
L'architecture balnéaire de Malo-les-Bains
« Nous sommes aux origines de la naissance de la station balnéaire, continue Myriam devant les îlots bleus, un ensemble d’immeubles de l’architecture balnéaire des années 50. Les plus anciennes villas construites vers 1880 se trouvaient ici, elles ont été détruites pendant la guerre. » Il en reste une, la villa des Flots, attribuée à Charles Garnier, architecte de l’Opéra de Paris, « sans qu’aucun document ne confirme cette hypothèse ! »
Puis voilà la villa Saint-Paul et sa terrasse surélevée, la villa Mon Plaisir avec sa façade en « pas de moineaux ». La villa des Sourires, ses trois bâtisses et sa tourelle d’angle, ou encore la villa Quo Vadis avec ses lignes Art nouveau. « Malo-les-Bains se caractérise par la grande diversité du bâti balnéaire, avec des inspirations des styles anglo-normand, néo-flamand, Art nouveau, mauresque, etc. et des éléments communs qui fondent une certaine unité architecturale : bow-window, balcons, belvédères, logettes, etc. » Au loin, les lumières du tout nouveau Grand Hôtel nous indiquent qu’il est temps de clôturer cette promenade. En effet, c’est le moment d’embarquer pour un nouveau voyage fait de luxe et de volupté.
Le Grand Hôtel : paquebot des plaisirs

Il vient tout juste d’ouvrir ses portes ! Le très attendu Radisson Blu Grand Hôtel & Spa de Malo-les-Bains. Ce seul 4 étoiles de la digue a des allures de paquebot. Il offre 110 chambres, des espaces de séminaires, un restaurant dirigé par le chef Charles Bruneval et un immense spa de 1000 m². Son architecture fait écho tant à l’architecture des villas malouines qu’à celles des bâtiments industriels alentour. Côté décoration, les codes évoquent la Belle Époque avec une belle modernité. La noblesse des matériaux saura conquérir les amateurs des années 30. On retrouve des sols en terrazzo, des pièces en laiton et métal doré et velours profonds. Une magnifique escapade à s’offrir en 2023 !