À 32 ans, Nicolas Destino étonne par sa rigueur, sa précision et sa volonté de réussir. Des qualités qui lui permettent aujourd’hui d’exposer son travail un peu partout dans le monde. Alliant sobriété et élégance, le designer belge imagine, crée et réinterprète les codes de l’objet au service du sens et du bien-être.
Il ne faut pas se fier à son air juvénile : Nicolas Destino n’en est pas à son premier coup d’essai. Originaire de Mouscron, le belge a de l’expérience. Depuis sa sortie en 2004 de l’Institut Saint-Luc à Tournai, il a enchaîné pléthore d’expositions et de compétitions à travers plusieurs pays et réalisé de nombreuses collaborations : packaging de luxe pour la fédération des chocolatiers belges, aménagement du plateau de la chaîne Notélé, design graphique pour une pochette de single, conception de luminaires pour un ministre belge… « Quand je me suis lancé en tant qu’indépendant avec Destino Design, ça n’a pas été tous les jours facile », reconnaît-il. « Mais je me suis accroché en participant régulièrement à des vernissages et en m’intéressant un maximum au milieu pour me faire connaître. »
Une réussite qu’il doit autant à sa détermination qu’à sa passion. Ce goût prononcé pour les objets, le jeune trentenaire le possède depuis toujours. « Lorsque ma grand-mère venait me rendre visite, elle me ramenait toujours un journal sur la décoration, Thuis [maison en néerlandais]. Je ne comprenais pas les textes mais j’adorais regarder les photos », se souvient-il. Dans la maison familiale, le (petit) Nicolas construit sa fibre artistique. Il devient curieux, sensible à la beauté des matières et attentif au moindre détail. Un sens de la minutie et de la précision qui ne le quittera plus.
LE GOÛT DE LA SIMPLICITÉ
Aujourd’hui reconnu comme artiste plasticien et designer conceptuel, Nicolas conçoit, crée et apporte une identité forte aux objets en proposant plusieurs niveaux d’interprétation. Une identité qui va au-delà même de la fonctionnalité.
De ses créations conceptuelles émane une certaine émotion mais aussi de la sensibilité, de la profondeur, de la matière, de la curiosité, de l’abstraction, de la géométrie, du détail… Nicolas cultive le goût du beau et exclut toute fantaisie. Il défend une vision du design selon laquelle la beauté n’a d’égale que la simplicité.
« Les relations entre les individus sont déjà tellement compliquées alors je n’ai pas envie de provoquer d’autres ambiguïtés avec les objets. Au plus simple au mieux », explique le designer.
Largement inspiré par le minimalisme, son style se veut sobre et épuré à souhait. Une ambiance que l’on retrouve d’ailleurs dans son espace de travail où le blanc domine majoritairement. « Minimiser les couleurs m’apaise l’esprit et aide à me concentrer », confie-t-il. Une pièce qui respire pourvu que ce soit ordonné. Car petit, le designer classait déjà ses livres par ordre de grandeur.
POUSSER LES LIMITES DU CONCEPT
Et pour alimenter sa créativité, Nicolas compte sur les petites choses du quotidien. Il se laisse porter par ses envies, ses besoins, ses désirs.
« J’évite de suivre les tendances pour ne pas être dans le moule. Ce qui m’inspire, ce sont les univers qui peuvent être développés et déclinés à partir du moment où il y a un fil conducteur. » En témoignent ses dernières créations sur le thème de la mode présentées notamment dans la Résidence de l’Ambassadeur de Belgique.
Le designer a choisi de réinterpréter, à travers l’objet, l’univers de Christian Louboutin, Louis Vuitton et Jean-Paul Gaultier. Pour ce dernier, Nicolas a imaginé une lampe dont l’abat-jour est réalisé à partir de tulle. « J’aime pousser les limites du concept. Je pars toujours d’un objet purement fonctionnel pour l’améliorer esthétiquement. C’est ma marque de fabrique.»
